Face à la "fast fashion", la filière textile craque

© Lara Balais / Grenoble Alpes Métropole

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Chaque année, des tonnes de textile sont collectées, triées et réemployées. Mais le secteur connaît aujourd’hui de fortes mutations qui le mettent en difficulté : qualité des dons en baisse, nouvelles pratiques de consommation. Explications.

Pourquoi, depuis quatre mois, des bornes de collecte textile sont parfois fermées ?

Les bornes de collecte sont installées par la Métropole et ses partenaires associatifs (Emmaüs, La Remise, Tri-Vallées et Le Relais) en charge de donner une seconde vie aux textiles. Dernièrement, certaines bornes ont été ponctuellement fermées par ces associations, qui alertent sur la situation d’urgence que connaissent les structures locales de tri et de réemploi. Leur modèle économique est aujourd’hui fragilisé : trop de textiles à traiter, de qualité de moins en moins bonne, et un manque de débouchés pour écouler les surplus. Résultat, les entrepôts débordent et certaines associations sont contraintes de suspendre temporairement leurs collectes.

Que deviennent les vêtements collectés ?

Une fois déposés dans les bornes ou auprès des associations, les textiles sont triés manuellement par des salariés en insertion. En moyenne, 20 % des vêtements en très bon état sont revendus localement en boutique. Environ 35 % sont “décyclés” pour devenir chiffons, isolants ou rembourrages, et 10 % sont incinérés. Le restant est compressé en balles pour l’exportation. Mais ces flux bloquent à leur tour : dans plusieurs pays, les textiles européens restent en grande partie invendus ou sont même refusés.

Pourquoi la filière étouffe ?

La filière textile, déjà fragilisée en Europe, est victime d’un effet domino mondial. Les débouchés à l’exportation, longtemps essentiels, se ferment : plusieurs pays africains et d’Europe de l’Est, désormais tournés vers la Chine, refusent d’importer les vêtements d’occasion européens. La fast fashion (mode jetable) a bouleversé le marché : des vêtements neufs, produits à très bas coût, sont souvent vendus à des prix comparables à ceux de la seconde main. Ils inondent le marché européen mais aussi les pays africains qui se détournent de la seconde main. Localement, ils représentent des masses de vêtements de mauvaise qualité difficilement réutilisables. Enfin, avec le développement des plateformes de revente entre particuliers, les articles les plus valorisables échappent désormais aux associations, qui se retrouvent avec des dons de moindre qualité.

Quelles conséquences pour les structures locales ?

Les associations de collecte et de tri, souvent issues de l’économie sociale et solidaire, se retrouvent dans une impasse. Elles gèrent des volumes toujours plus importants, tout en voyant leurs débouchés se réduire. Leur équilibre économique est menacé, tout comme les emplois d’insertion qu’elles proposent. Certaines doivent stocker des montagnes de textiles invendus ou payer pour les évacuer, alors que leur mission première est de leur donner une seconde vie.

Comment chacun peut agir ?

La première règle reste de ne pas jeter les vêtements avec les ordures ménagères. Même abîmés, ils doivent être déposés dans les bornes accessibles ou dans les points d’accueil des associations. Ne pas les déposer au pied d’une borne de collecte si elle est fermée ou pleine, et les conserver à la maison en attendant que la borne rouvre. Pour les achats, la seconde main reste un choix gagnant : certes, un vêtement d’occasion est parfois à peine moins cher que le neuf d’une enseigne de fast fashion, mais sa qualité est meilleure, il dure plus longtemps et soutient des emplois locaux en insertion. D’autant que les boutiques de seconde main ont profondément évolué : leurs rayons sont soignés, les vêtements mis en valeur, et l’expérience d’achat se rapproche désormais de celle d’un commerce de prêt-à-porter classique.

La carte des acteurs du réemploi sur grenoblealpesmetropole.fr/reemploi

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